Laura Van Puymbroeck

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Se (re)convertir : le moment du bilan ?

Vanessa Noah Ewodo - Laura Van Puymbroeck

Durant son parcours engagé, Vanessa Noah Ewodo a connu plusieurs vies et carrières. Aujourd’hui, elle en a fait son combat, accompagnant les gens à trouver et à aller vers leur épanouissement professionnel. Rencontre avec une entrepreneure toute en couleurs, à l’enthousiasme débordant !

Apprendre de ses expériences et échecs

Vanessa, vous êtes un “produit” de la reconversion, avec un parcours riche d’expériences et de sens. Racontez-nous.

Je me suis beaucoup cherchée professionnellement. Je me rends compte aujourd’hui que j’ai toujours fait ce que j’avais envie de faire, ce à quoi je croyais. Il a toujours fallu que je sois engagée personnellement dans ma vie professionnelle.

J’ai commencé par étudier la psychologie durant 4 ans, en 2002. Ensuite, durant 3 ans, je me suis engagée dans une association qui accompagne les femmes (immigrées ou non) issues majoritairement de l’Afrique noire. Nous les aidions sur l’accès aux droits, l’alphabétisation, et j’ai énormément appris d’elles. J’ai en même temps passé un DU en psychologie interculturelle, réalisé un mémoire au Sénégal, qui m’a décloisonné de mon prisme de croyances de femme blanche européenne.

A ce même moment, je me suis engagée dans la création de l’entreprise de mon mari, après avoir passé un brevet de collaborateur de chef d’entreprise artisanale. Camerounais, il voulait créer sa boite de BTP en France. Durant 2 années, elle a fonctionné, employé 6 salariés, jusqu’à une liquidation judiciaire. Ce fut une période très compliquée, une sorte de claque humaine, qui m’a énormément appris sur le dépassement de soi !

Vanessa Noah Ewodo travaillant dans son bureau, à Lormont

Vanessa Noah Ewodo travaillant dans son bureau, à Lormont

A la suite de cet événement, j’ai créé une start-up qui proposait une solution alternative au transfert de fond. L’idée : proposer aux camerounais.e.s de faire des achats pour leurs proches tout en restant au pays. J’ai été à ce moment-là accompagnée, ce qui me donne aujourd’hui des billes pour moi-même aider les autres. C’était un projet qui sortait de la “norme”, mais je n’avais pas assez de fond, et trop de croyances limitantes. Le projet s’est arrêté en mai 2016.

Après ça, je me suis dit : “Vanessa, re-descend de ta planète, fais quelque chose de rationnel”. J’avais trop d’idées. J’ai regardé machinalement le site Pôle Emploi, je cherchais une formation en licence Ressources Humaines, que j’ai entamé en septembre 2016. Plus tard, j’ai eu l’opportunité d’intégrer un cabinet de conseil en Ressources Humaines. D’abord en stage, j’ai ensuite signé un CDI en tant que consultante en gestion de carrière. Fin 2018, j’ai quitté mon poste suite à une réorganisation, à la fois de l’entreprise et de ma vie personnelle. J’ai signé une rupture conventionnelle et j’ai pris ça comme un signe : il fallait que je crée à mon tour. En mars 2019, Atipik RH naît !

C’est quoi Atipik RH ?

C’est un organisme de formation et un cabinet de conseil en ressources humaines orienté à la fois individu et entreprises, avec une dimension particulière sur la gestion des carrières.

Portrait de Vanessa Noah Ewodo, toute en couleurs

Portrait de Vanessa Noah Ewodo, toute en couleurs

Conseils d’une experte en reconversion

Lors d’une période de doutes sur sa vie professionnelle, il est souvent conseillé de réaliser un bilan de compétences. Pourquoi ?

Pour apprendre à mieux se connaître, d’une manière objective, de façon factuelle et non sur des opinions et sentiments. On s’auto-sabote. Les gens qui arrivent aux bilans en sont souvent au stade de la “compétence inconsciente”, à savoir n’être plus conscient de ce dont on est capable. Donc faire un bilan, c’est aussi prendre conscience de ses capacités.

A qui est destiné le bilan de compétences ?

A toute personne qui se pose des questions sur sa vie professionnelle. Malheureusement, les gens attendent trop souvent d’aller mal avant de se poser et de réfléchir sur leur carrière. Il est cependant toujours bon de faire un état des lieux, lorsqu’on en sent le besoin !

Y’a-t-il un moment idéal pour le réaliser ?

Non, il ne faut juste pas attendre d’aller mal. C’est important de se dire qu’on a le droit de s’autoriser à prendre du recul, du temps pour soi, pour penser à soi et à sa carrière. Un projet professionnelle est aussi un projet personnel, je ne découpe pas les gens en deux. C’est important de bien choisir son consultant, et de se dire que le moment du bilan est un moment de travail : le bénéficiaire doit être investi dans ce parcours.

Quels conseils pouvez-vous donner à quelqu’un qui se sent coincé dans son travail ?

Tout dépend de ce que la personne entend par “coincé”. Les gens ont le pouvoir sur leur carrière. Des dispositifs existent. Je suis de l’école qui voit le verre à moitié plein ! Il faut communiquer, ne pas imaginer que les autres devinent à votre place. Par exemple : vous voulez une augmentation, mais vous n’osez pas demander à votre boss car vous “savez” qu’il dira non. Les gens partent battus d’avance, et ça coupe l’énergie. Ce qui peut renforcer l’estime de soi ? Remercier lorsque l’on vous fait un compliment ! Cultivez la gratitude.

Dans le cas où les gens se lancent dans une nouvelle aventure ou demandent une augmentation, avez-vous des conseils contre le syndrôme de l’imposteur ?

Première chose : répertorier toutes vos expériences, et identifier vos compétences. Les chiffrer, les quantifier, les qualifier. Seconde chose : se projeter sur de la négociation de salaire ou ajuster ses prix. Le fait de se sous-évaluer financièrement ne permet pas une prise de conscience de sa propre valeur. C’est donc important d’oser demander le juste prix. Des outils de simulations de salaires avec un ensemble de critères existent. Concernant la rémunération, il n’y a pas que le salaire à proprement parlé, il y a une part variable, des avantages en nature…

Les coulisses de notre séance avec Vanessa et l'équipe Atipik RH

Les coulisses de notre séance avec Vanessa et l’équipe Atipik RH

Que pensez-vous de la “dictature du bonheur au travail” ?

Nous sommes dans une culture où le travail est l’endroit de la réalisation de soi. La première question que l’on nous pose après celle de notre prénom est “qu’est ce que tu fais dans la vie?” et non pas “qui es-tu ?” ou “qu’est ce que tu aimes dans la vie ?” . D’où cette obligation à trouver et à attendre du travail qu’elle réponde à une satisfaction totale. Nous avons d’autres lieux de réalisation de soi et donc d’estime de soi également ! Je pense aussi que cette exhortation à la bienveillance est pratiquée par ceux qui l’appliquaient le moins… Il paraît essentiel de revenir aux fondamentaux. La bienveillance doit être cultivée dans notre vie quotidienne, ce qui rejaillira au travail. Pour moi, les gens qui manquent de civisme, de gentillesse, de tolérance dans la rue, dans leur voiture, sur la route sont les mêmes qui vont au travail. 

Des gens malheureux au travail, j’en ai rencontré, parfois des personnes qui vous disent qu’elles ont envie de vomir avant de s’y rendre ! Quand j’entends cela, je me demande quelles sont les personnes qui sont en face ? N’oublions pas que l’humanité est une grande famille. Voilà alors, selon moi, le côté positif de la crise sanitaire que nous traversons. Nous sommes dans le même bateau et c’est dans cette solidarité que nous nous en sortirons !

Vanessa travaille en collaboration avec d'autres acteurs.trices de l'accompagnement professionnel

Vanessa travaille en collaboration avec d’autres acteurs.trices de l’accompagnement professionnel

Merci pour vos réponses éclairantes, Vanessa ! On vous retrouve sur Facebook et bientôt sur votre tout nouveau site internet ! En attendant, cher.es lecteurs.trices, si avez plus de questions, n’hésitez pas à contacter Vanessa ! On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel article, cette fois côté culture, pour rencontrer un jeune groupe de musique bordelais, du nom de Roar to the Moon. Prenez soin de vous !

Laura Van Puymbroeck